vendredi, mars 16, 2007

images et histoires / le tourisme

Novembre 2006
La photo touristique comme preuve contemporaine de l'histoire.

Je suis au Cameroun avec le statut de touriste, c'est marqué sur mon visa. Je suis donc invité à regarder ce pays que je fréquente. Je sais que le paysage qui s’offre à moi est un dessin de l'histoire.

Le tourisme avec son envie de voyage est une forme occidentale et contemporaine, celle d’un engagement de soi, qui pourrait s'apparenter à une sorte de " performance " à la portée de chacun, plus exactement une expérience performative physique, sensorielle et espérons spirituelle. Il est par contre une forme banalisée du rapport à l'autre, opérant ici et là, dans la recherche de tous les conforts. Le confort matériel qui se juge en terme d'étoiles à l'hôtel et le confort intellectuel qui conforte sa propre histoire et réconforte sur une manière d'appréhender le monde: la collusion pratique entre l’histoire et la géographie. Le tourisme est aussi, par la masse grandissante des touristes, un nouveau vecteur idéologique, et peut-être une nouvelle forme de média.

Le tourisme culturel est celui qui voudrait que l'on aille à la rencontre de l'autre, entre la culture, la grande avec ses architectures debout ou couchées par les temps et les volcans, et la petite dans le marché de la ville, le " souk " avec ses épices et cet ailleurs qui rentrerait par les narines avec les délices de l'ignorance.
Il se trouve que le parfum de mon ailleurs sent le brûlé.

























Je suis au Marché Congo, ex Quartier Congo, incendié pour les intérêts d'une certaine politique Française en Afrique (le refus de indépendance politique, de l’UPC: Union de Populations du Cameroun) par des militaires français et camerounais, et par des milices locales, déléguées aux basses oeuvres aux alentours de l'année 1960.
Des centaines de morts sans doute, brûles ou asphyxiés, tués par les mitraillettes pour ceux qui essayaient de sortir du quartier, morts dans les puits pour ceux qui voulaient échappés aux flammes et aux balles. C'est un lieux de notre histoire, indiscutablement, la présence française avec sa responsabilité directe en fait un lieu de l'Histoire de France. Mon désir de culture générale, et ma passion pour mon histoire me pousse à enquêter aujourd’hui dans la mesure où personne ne m'a enseigné de manière critique l'histoire contemporaine.
L’histoire est pour moi vierge d’images, je prends une liberté-responsable dans la construction d’un aujourd’hui de mémoire: c’est l’image de ma présence “touristique” qui donne à la maison le statut de monument.

























A l’exception de la photo “la question du tourisme...” cadrée par moi, les autres ont été prises par Patrick Wokmeni. Patrick est un habitant du Quartier que j’habite, c'est aujourd'hui un ami, il a toujours été proche des activités artistiques du quartier. Je l’ai initié à la photo dès 2003, à chacune de mes venues, il a “mitraillé” le quartier. Pour ce travail, nous avons mis au point un protocole simple : je marche ou je pose, je te dis les lieux où les photos m’intéressent, tu cadres comme tu veux.

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1 commentaire:

Houria a dit…

Bonjour je visite votre blog, et j e trouve vos photos très belle, je voudrais avoir un petit conseil je souhaite acheter un appareil photo pro. pour prendre d'aussi jolies photos que les votre mais je n'y connais rien... Merci.