mardi, mars 20, 2007

images et histoires / intentions

Je mène une réflexion sur la photographie noire et blanche, à Douala au Cameroun, puis vers l'Ouest du pays. Je mets cette photographie et sa plasticité radicale, lunaire et manichéenne (le noir et blanc) au centre d'un point de vue sur une histoire des rapports entre blancs et noirs, au regard des couleurs de peaux des corps, de l'histoire de nos rapports humains, politiques et économiques. Enfin, je regarde l'histoire de cette photographie, dans l'histoire de l'art et dans sa dimension de document historique, dans une problématique du regard sur l'Autre, où plus exactement comme au centre d'une production de références formelles et idéologiques.
Je présente plusieurs séries qui ont été réalisées durant plusieurs années, aux cours de voyages au Cameroun, avec comme point d'arrivée, le quartier New Bell (Ngangué) de Douala. J’ai interrogé le contexte de ce quartier, et je travaille directement avec les gens, en autoproduction. Je suis accompagné par des amis artistes, ou habitants, ou intellectuels. Certains cherchent comme moi ce qui se cache vraiment derrière l'idée de différence, certains me guident dans l'Histoire du pays.
J'interroge des représentations et des figures: le lieux du crime, le héros, l'image du blanc, l'Histoire. Je place cette image noir et blanc à la naissance d'une preuve, celle d'une réalité physique et d'un temps. Je travaille son aura de souvenirs et de mémoires, avec l'idée du document d'histoire. Je cherche à mettre en rapport cette photographie avec des réalités contemporaines, dont il m'apparaît qu'elles sont inscrites dans l'histoire politique des rapports entre "Le Noir" et "Le Blanc". Je questionne l'histoire de l'art, Leni Rifensthal et son histoire de divinité nazi (les dieux du stade) et de divinité primitive (les Nouba), une photographie de Man Ray, "la noire et la blanche".
Enfin, j'utilise cette photographie noire et blanche dans nos codes de mémoire pour évoquer l'histoire politique et les massacres commis par l'armée française au tournant des années soixante.
J'aime la tradition française de la pensée de l'Histoire, je suis sensible au patrimoine dans son sens large, j'utilise l'archéologie, elle sait l'Histoire dans une proximité invisible, enfouie dans le sol, au contact de nos pieds, et sur laquelle nous bâtissons.


Philippe Niorthe


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